Chats et chiens en surpoids : comprendre, diagnostiquer et soigner l’obésité canine ou féline
Souvent, par amour, nous avons tendance à trop nourrir nos animaux. Mais, en réalité, les suralimenter est probablement le pire service que nous pouvons leur rendre… L’obésité chez les animaux entraîne les mêmes problèmes de santé que chez les humains : elle peut causer un handicap sérieux et même réduire considérablement la durée de vie de l’animal.
En Suisse et dans de nombreux pays, le nombre d’animaux domestiques en excès de poids ou obèses est presque équivalent à celui des humains.
Un animal bien en chair n’est pas forcément en bonne santé ! Le surpoids est une maladie sérieuse qui doit être traitée dès ses premiers signes.
L’obésité est la première raison de consultation nutritionnelle chez le vétérinaire, ce qui n’est pas une surprise… Cependant, il peut être extrêmement difficile pour le vétérinaire de faire comprendre au propriétaire que son animal est en surpoids. De nombreux facteurs psychologiques entrent en jeu comme admettre qu’on a causé du tort à son animal en pensant bien faire. Il faut néanmoins accepter cette réalité pour mettre en place le bon régime alimentaire et le suivi qui permettront à l’animal de retrouver un poids sain et une meilleure santé.
Quand parle-t-on d’obésité chez nos animaux ?
Un animal est considéré comme ayant un poids optimal lorsqu’il a environ 20 % de graisse corporelle.
Le surpoids et l’obésité sont une accumulation anormale ou excessive de graisse qui peut nuire à la santé. Cependant, si les signes de l’obésité sont évidents même pour un novice (on peut facilement remarquer un chien ou un chat trop rond), les causes de cette maladie peuvent être plus complexes à identifier.
L’obésité peut résulter de plusieurs facteurs :
- Elle peut avoir une une source génétique, comme c’est le cas pour certaines races de chiens ou de chats qui sont naturellement prédisposées.
- Elle peut être d’origine physiologique, telle qu’un déséquilibre métabolique ou hormonal.
- Elle peut être la conséquence de maladies (le diabète par exemple) qui peuvent aussi engendrer une prise de poids anormale.
- Elle peut être liée à l’influence de l’homme et l’environnement de vie de l’animal : suralimentation mais aussi stress qui peut être lié à de l’anxiété, l’ennui, ou le fait que son espace de vie soit mal adapté ou trop restreint. Ces situations peuvent inciter un animal à se tourner vers la nourriture comme refuge, un comportement que l’on retrouve aussi chez les êtres humains.
De manière plus large, l’obésité est souvent le résultat de troubles alimentaires, d’une nourriture – que ce soit des croquettes ou de la pâtée – mal appropriée, combinée à un manque d’activité physique de l’animal.
L’obésité canine
Plus le chien vieillit, plus le risque d’obésité augmente. Plus de deux tiers des chiens obèses ont plus de 9 ans. Les femelles sont plus susceptibles d’être en surpoids, la stérilisation étant un facteur aggravant.
Le contexte social des repas est un facteur de risque plus marqué chez le chien que chez le chat. Lorsque le chien devient plus qu’un animal de compagnie pour son propriétaire, se transformant en substitut émotionnel, l’excès de friandises et l’obésité ne sont généralement pas bien loin. Les propriétaires font souvent l’erreur d’interpréter les demandes d’interaction de leur animal comme des demandes de nourriture (et y répondent avec des friandises ou une ration de nourriture supplémentaire, voulant leur faire plaisir).
L’obésité féline
Les chats présentent le plus fort taux de risque d’obésité entre 5 et 11 ans. Ensuite, leur poids a tendance à diminuer. Pour les félins, la stérilisation est une cause majeure d’obésité, de même que le sexe (les mâles seraient plus prédisposés) et le mode de vie (chat d’appartement versus chat qui sort à l’extérieur et se dépense donc davantage).
Comment savoir si mon compagnon à 4 pattes est obèse ?
Il peut être délicat de déterminer la gravité du surpoids de son animal de compagnie, pour une évaluation plus objective, il est préférable de solliciter l’opinion de l’entourage, et surtout l’avis du vétérinaire.
Cela dit, on peut commencer par faire une évaluation tactile pour poser un premier diagnostic en se posant les questions suivantes :
- En caressant votre animal à rebrousse poils, pouvez-vous aisément sentir sa cage thoracique (sans exercer de pression) ?
- De même, pouvez-vous facilement sentir sa colonne vertébrale, ses hanches et ses omoplates ?
- Pouvez-vous percevoir le relief des côtes ?
- Si oui, semblent-elles graisseuses ?
- Sinon, avec les mains à plat, caressez les flancs de votre chien ou de votre chat. Pouvez-vous sentir un rétrécissement de l’abdomen au niveau de la taille ?
- Si oui, a-t-il le ventre mou ?
- Si non, présente-t-il des difficultés de mouvement ? Semble-t-il essoufflé après un effort modéré ?
- Est-il enclin à jouer ou à exercer une activité physique (balade…)
Comment soigner l’obésité chez le chien ou le chat ?
Il est essentiel de traiter le surpoids et l’obésité dès leurs premiers signes, c’est-à-dire dès qu’une prise de poids, même minime, est observée. Cela devrait commencer par un examen médical complet chez le vétérinaire pour détecter des maladies telles que l’hyperthyroïdie ou le diabète. Le traitement n’a pas de formule magique : il nécessite de combiner un réajustement alimentaire et un programme d’exercices adaptés, et, dans certains cas, l’addition de médicaments spécifiques.
La première étape du traitement de l’obésité consiste à évaluer avec précision les causes et les conséquences du surpoids, avec l’aide de votre vétérinaire.
Il est indéniable que l’alimentation joue bien souvent un rôle crucial dans la gestion de cette maladie. On instaure alors un régime alimentaire destiné à faire perdre ce surpoids. Pour une obésité qualifiée de “simple” (causée par un apport calorique excessif par rapport à la dépense énergétique), un ajustement de l’hygiène de vie et des mesures diététiques peuvent suffire à guérir l’animal.
Chaque animal est unique, ce qui signifie qu’il y aura autant de régimes que d’animaux à faire maigrir !
Cependant, il existe quelques principes de base et trois méthodes pour instaurer un régime de perte de poids : l’utilisation d’un aliment moins attrayant, la conservation du même type d’aliment mais en diminuant la portion proposée, ou l’adoption d’un aliment moins calorique, riche en protéines de bonne qualité.
En ce qui concerne la composition de l’alimentation, plusieurs tactiques peuvent être envisagées : réduire la quantité de glucides ou même de matières grasses, augmenter la teneur en fibres et l’humidité de l’aliment. On s’assurera en revanche d’éviter toute carence en protéines.
Quelques astuces et bons conseils pour lutter contre le surpoids
Choisissez une nourriture de bonne qualité pour votre animal : idéalement des aliments humides (pâtée, rations ménagères) que vous pouvez mixer ou varier avec des aliments secs (croquettes) car l’alimentation humide présente le bénéfice indéniable d’hydrater l’animal tout en l’amenant plus rapidement à satiété (alors qu’il aurait peut être tendance à se gaver de croquettes). Les rations ménagères sont souvent une excellente solution pour un rééquilibrage réussi car elles permettent notamment de proposer des repas plus gros à l’animal tout en dosant l’apport calorique (et donc en le réduisant, selon les ingrédients composant la ration ménagère). Cette option peut se mettre en place avec l’aide d’un vétérinaire nutritionniste.
Pour réduire les repas d’un animal en surpoids, il faut souvent revoir la manière dont ses repas sont servis. Pour un animal qui a tendance à se gaver, et donc à manger trop rapidement, il existe des accessoires distributeurs de nourriture, tels que des balles ou des tapis de fouille, alliant jeux et récompenses : l’animal doit faire un effort et dépenser plus d’énergie pour se nourrir, tout en ingérant des quantités de nourriture plus petites à chaque bouchée.
En règle générale, pour éviter les risques de surpoids et d’obésité chez le chat ou le chien, il est recommandé de :
- Utiliser une balance pour peser la ration, car les mesures de volume des verres doseurs ne sont souvent pas assez précises
- Fractionner l’alimentation en plusieurs petits repas par jour
- Éviter les friandises et les restes de table
- Si votre animal (re)demande de la nourriture, proposez-lui une autre forme d’interaction, comme le jeu, qui détournera son attention et lui permettra en plus de faire de l’exercice !
Et ensuite ? Comment stabiliser son poids ?
Félicitations, votre animal a perdu du poids ! Cependant, il pourrait le reprendre rapidement si les vieilles habitudes refont surface. La phase de traitement, souvent longue et nécessitant une forte motivation du propriétaire ainsi qu’un suivi attentif du vétérinaire, ne fait pas tout pour stabiliser le poids de votre compagnon sur le long terme. Pour éviter l’effet yo-yo il est important d’intégrer de nouvelles habitudes dans votre quotidien avec lui.
Poursuivez vos efforts
Une fois que votre animal a perdu ses kilos en trop, continuez à l’encourager à faire de l’exercice. Le secret de la réussite réside dans le changement de mode de vie de votre animal, ce qui est étroitement lié à votre propre changement de comportement. Plus vous serez constant dans vos nouvelles habitudes, moins votre animal aura de risques de reprendre du poids.
Préparez une transition vers une alimentation normale
Pour prévenir une reprise de poids trop rapide, deux aspects sont à considérer : éviter d’avoir recours à un régime trop strict pendant la phase de perte de poids, et surtout préparer progressivement le retour à une alimentation plus traditionnelle (en termes de calories). Vous éviterez ainsi l’effet “rebond” et maintiendrez plus facilement le poids de forme de votre animal.